Ce site a pour but de mettre à la disposition de ceux qui s’intéressent à Homère les
résultats de recherches faites depuis des années sur la langue homérique. Ces recherches permettent de proposer des traductions nouvelles, différentes de celles qu’on trouve dans les traductions
d’Homère d’usage courant. Or bien souvent les hellénistes, chevronnés ou non, les historiens, les archéologues, travaillent avec ces traductions traditionnelles, sans avoir toujours accès aux travaux
spécialisés des linguistes.
On a donc rassemblé ici une série de nouvelles traductions, en donnant systématiquement en regard pour chacune la
traduction traditionnelle, afin de permettre une comparaison.
Ces traductions ne prétendent pas être meilleures que les traductions traditionnelles : le plus souvent, ces
dernières reflètent la façon dont les Grecs comprenaient les vers concernés, elles sont conformes aux enseignements des commentateurs anciens, elles sont donc justes dans une synchronie donnée,
celle de l’époque classique ou hellénistique.
Le but des traductions nouvelles rassemblées ici est d’être fidèles au sens ancien quand celui-ci est différent du
sens admis par les Grecs, en d’autres termes quand l’évolution sémantique, une erreur d’interprétation ou une erreur d’analyse ont fait que la tradition
philologique grecque a fait un faux-sens ou un contre-sens sur un vers donné – dans la mesure où nous pouvons retrouver ce sens ancien sous le sens erroné transmis par la tradition.
Ces traductions sont justes dans une synchronie qui n’est pas celle des traductions traditionnelles.
Elles sont parfois très éloignées des traductions consacrées, et ont l’intérêt de rendre patentes les difficultés
de compréhension de la langue homérique pour les Grecs eux-mêmes. Elles permettent surtout de rendre une cohérence à des vers qui parfois défient le sens commun dans l’interprétation
traditionnelle, et amènent à revoir des hypothèses fondées sur une compréhension erronée des vers homériques.
Un cas particulièrement délicat est celui où les emplois homériques sont hétérogènes, et où la
traduction traditionnelle est juste pour les emplois les plus récents, mais erronée pour les emplois anciens. Ce fait reflète la coexistence dans le corpus de plusieurs strates chronologiques
distinctes, un emploi ancien et un emploi récent résultant d’une réinterprétation interne au corpus. La prise en compte de la chronologie interne permet alors d’expliquer pourquoi l’on ne peut donner une seule et
unique traduction qui soit identique pour toutes les occurrences.
Ces strates sont manifestes dans le cas où plusieurs leçons sont conservées pour un même vers, mais elles peuvent aussi être identifiées en l’absence de variante textuelle. Dans ce dernier cas, c’est le contexte et l’analyse linguistique qui fournissent les indices sur les réinterprétations successives.
Parmi les variantes conservées, celles de Zénodote d’Ephèse (première moitié du IIIe siècle avant notre ère) sont particulièrement importantes. On peut montrer que certaines d’entre elles sont nettement plus anciennes que celles de la vulgate homérique, ce qui a une conséquence
directe sur la compréhension du texte et la traduction.
Ce corpus, dont le noyau est issu de mes propres travaux sur la langue homérique, sera complété et mis à jour au fur à
mesure que de nouvelles publications permettront de l’enrichir.
http://homerica.msh-alpes.fr (site d’un programme de recherche de l’université de Grenoble, où l’on trouvera de la bibliographie, des comptes-rendus bibliographiques, et des annonces d’actualité).
http://www.homermultitext.org (site consacré à la transmission des épopées
homériques, où l’on trouvera des manuscrits numérisés).
http://homer.library.northwestern.edu (textes numérisés :
Homère, Hésiode, Hymnes homériques, avec traductions anglaises, liens vers les scholies, la bibliographie, les papyri, et logiciel d’interrogation).